PASSAGES DU CINÉMA

par Prosper Hillairet

Texte établi par Mélanie Forret et Arthur Côme

Comment « rendre compte » des expérimentations sans récit et comment « expérimenter » depuis les récits du cinéma narratif ? Dans les textes écrits par Prosper Hillairet, des passages s’opèrent, circulent dans les films, entre les films, les styles, les cinéastes, les époques. L’ ensemble, tour à tour consacré à l’avant-garde des années 20, comme aux cinéastes expérimentaux français des années 70 et 80, avec quelques incursions tardives dans le cinéma narratif, tisse une réflexion à partir du cinéma comme « forme visuelle ».

PASCAL AUGER – JEAN-MICHEL BOUHOURS – LUIS BUÑUEL – LEOS CARAX – HENRI CHOMETTE – ALAN CLARKE – SALVADOR DALÍ – GUY DEBORD – WALT DISNEY – GERMAINE DULAC – MARGUERITE DURAS – CLAUDINE EIZYKMAN – JEAN EPSTEIN – GUY FIHMAN – GEORGES FRANJU – SAMUEL FULLER – ALANTÉ KAVAÏTÉ – CHRISTIAN LEBRAT – MARCEL L’HERBIER – DAVID LYNCH – JEAN-PIERRE MELVILLE – JEAN-CLAUDE MOCIK – F. W. MURNAU – ARTAVAZD PELECHIAN – ERIC ROHMER – JEAN-CLAUDE ROUSSEAU – JERZY SKOLIMOWSKI – UNGLEE – LUCHINO VISCONTI –DOMINIQUE WILLOUGHBY – ARŪNAS ŽEBRIŪNAS

Prosper Hillairet a enseigné le cinéma à l’Université Paris VIII. Il a publié les Écrits sur le cinéma (1919-1937) de Germaine Dulac (Paris Expérimental, 1994, rééd. 2021) et une monographie sur Cœur Fidèle de Jean Epstein (Yellow Now, 2008). Il réalise des films courts, Instants, et avec Nicolas Droin, une série sur Paris (Lignes).

Publié avec le concours du Centre national du Livre

Presse :

« Où se trouve l’être-cinéma, ce qui fait sa nature, soit sa singularité, puisque nombreux sont ceux qui entendent en fixer l’âge d’or ? A quel degré parvient-il à s’accomplir, être enfin lui-même, repu de son être ? Prosper Hillairet, dans son ouvrage « Passages du cinéma » (publié aux éditions Paris Expérimental), concernant la spécificité du cinéma, à partir de ses deux pôles, le cinéma expérimental et narratif, débonde autant autant les portes fermées que les esprits verrouillés, en se ne demandant plus simplement : « Qu’est-ce que le cinéma ? », mais, « Que peut le cinéma ? ». Un déplacement latéral qui déflagre l’espace de l’écran aux dimensions du monde ».
David Fonseca, « Passages du cinéma : De l’essence du cinéma », Le Rayon Vert, Octobre 2021 
https://www.rayonvertcinema.org/passages-du-cinema-prosper-hillairet/

 

« Prosper Hillairet, en tant qu’explorateur du cinéma des Avant-gardes des Années 20 (L’Herbier, Epstein, Dulac,…) plonge le lecteur dans ces formes nouvelles du cinéma où il est question de mouvement, rythme, couleur. Un cinéma de recherche, et en recherche, dont les « sources de radicalité et d’innovation » font échos au cinéma narratif (Melville, Carax, Fuller,…). Là où des fils, secrets ou évidents, se tissent, des passages et des dynamiques s’opèrent entre cinéastes expérimentaux français des années 70 et 80 et une approche du cinéma narratif à partir de ses formes visuelles. »
Garance Rigoni, « Images passantes », Culturopoing.com, 2021.
 
« Un cinéma qui s’intéresse d’abord aux possibilités plastiques et rythmique de cet art et qui, dans cet en-deçà de la représentation, en retrouverait les racines profondes, les vibrations premières. »
Prosper Hillairet, passeur d’avant-gardes de Marcos Uzal, 
Marcos Uzal, « Prosper Hillairet, passeur d’avant-gardes », Les Cahiers du cinéma, n° 777, Juin 2021 
 

« Pour Prosper Hillairet tout commence durant « les années Vincennes » en 1970 et la rencontre avec Claudine Eizykman et Guy Fihman, leurs cours, laboratoire d’analyses et d’expérimentations cinématographiques et la proposition d’écrire pour une nouvelle revue de cinéma Melba[1]. Autour de ces deux ténors, un groupe se forme avec Dominique Willoughby et Pascal Auger et se place en marge de la production industrielle, loin du cinéma narratif, dans un esprit issu des Avant-gardes des années 20, prêt à l’aventure du cinéma expérimental.
En témoigne cinquante ans plus tard, ce livre Passages du cinéma au format carré, d’une belle élégance, dont la couverture d’un noir profond, un photogramme de Diagonal Sinfonie de Viking Eggeling (1921-25) incite déjà à une lecture différente d’une histoire du cinéma.
En 420 pages, reprenant les articles publiés dans différentes revues et programmations ou encore inédits, l’historien Prosper Hillairet explore les « Passages du Cinéma » d’une forme à une autre, d’un cinéaste à un autre, d’une période à une autre, depuis le cinéma des années 20 à l’avènement et au rayonnement du cinéma expérimental international de nos jours.
Ce sont les peintres Léopold Survage, Viking Eggeling, Hans Richter, Walter Ruttmann, Man Ray et Léger qui expérimentent le 7è art comme nouvel outil plastique pour fabriquer l’image en mouvement. Plus tard, porté par l’historien américain Paul Adams Sitney, Andy Warhol, Peter Kubelka et Paul Sharits entre autres inventeront le film formel puis le film structurel. Prosper Hillairet en développe toutes les nuances, détours, complexités, affinités et proximités.
Admiratif de nombreux cinéastes des années vingt et déclarant notamment une véritable passion pour l’œuvre de Germaine Dulac[2], il se plaît à en étudier les différentes intuitions à considérer le cinéma comme spécificité et non pas dépendant des autres arts, défendant un cinéma de la sensation, de l’émotion, allant même jusqu’à évoquer un/une « cinémotion ». Un cinéma de lignes, de volumes, de rythmes, de variations chromatiques, un cinéma de mouvement, en phase avec « la germination du grain de blé » dont il analyse l’image fort joliment trouvée par la cinéaste. L’auteur se reconnaît aussi dans l’œuvre d’Henri Chomette cinéaste discret des années vingt, frère de René Clair, pour son filmage rapide, son image accélérée, ses visions changeantes sur le monde, lui qui tourne une série singulière intitulée Instants dont Loire-Brouillard pourrait être un salut cinéphile aux Jeux des reflets et de la vitesse (1923 ou 1925) du réalisateur.
Passages du cinéma est une somme de réflexions sur le cinéma expérimental qui se charge à chaque page d’un peu plus de complexités, de particularités et d’une analyse du cinéma narratif un temps écarté. Un long chapitre en fin de livre intitulé De la narration invite le lecteur à parcourir l’ambiguïté vagabonde de ces cinémas contrariés qui ne font que s’emprunter les uns aux autres, au fil des révolutions du regard et des réalisateurs, les manières de composer librement une image et un son.
Un travail remarquable dans la rédaction des notes, ouvrant sur une multitude de références, de titres et de prolongements aussi bien cinématographiques que littéraires qui, avec précision et rigueur enchantent le plaisir de la lecture.  
Plonger dans cet univers cinématographique expérimental suscite autant de questionnements que de curiosités. Le livre de Prosper Hillairet offre un style d’écriture très particulier où les mots choisis « en matière », « en volume » et parfois presque « en mouvement » deviennent des images, voire des plans de films d’où l’on discerne par la suspension du rythme des phrases, des sons et des silences. Ainsi les articles sur Lynch, Visconti, Frank Perry, Rohmer, Péléchian, Samuel Fuller, Arunas Zebriunas, Alanté Kavaïté, visions poétiques et plastiques du cinéma.
Les cinéastes de Vincennes des années 70-80, Unglee, Jean-Michel Bouhours, Dominique Willoughby, Pascal Auger, Christian Lebrat, maillon incontournable de l’histoire du cinéma expérimental sont évidemment présents tout au long de l’ouvrage à travers le regard amical de l’auteur. »
[1] Melba – Revue du cinéma expérimental – 1976-1979 – Dir.pub. Claudine Eizykman- Paris
[2] Germaine Dulac – Ecrits sur le cinéma (1919-1937) réunis et présentés par Prosper Hillairet- Editions Paris-Expérimental  in Classiques de l’Avant-Garde 2021.
Gisèle Breteau Skira, Jeune Cinéma, n°408-409, été 2021, p. 148-149.

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Spécifications de l'ouvrage :

Collection : Sine qua non
Date de parution : Mars 2021
Nbr. de pages : 432
Format : 18 x 14 cm
ISBN : 978-2-912539-58-8
Prix : 23 €

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