L’AVANT-GARDE CINÉMATOGRAPHIQUE EN FRANCE DANS LES ANNÉES VINGT: IDÉES, CONCEPTIONS, THÉORIES

par Noureddine Ghali
Préface de Dominique Noguez

À la méthode un peu trop classique de l’étude des théories auteur par auteur, nous avons préféré celle, nettement plus exigeante, qui regroupe les idées par thèmes particuliers. Cette méthode nous a paru plus conforme à la réalité puisque certaines polémiques (et il y en eu beaucoup durant les années vingt) ont tourné autour de quelques sujets où chacun a pu défendre son propre point de vue. Le thème de la photogénie par exemple, pour ne prendre que celui-là, a donné lieu à des développements dûs à de nombreux cinéastes et critiques. De même pour la question du cinéma en tant qu’art ou non qui fut l’une des préoccupations des « avant-gardistes » dans la première moitié des années vingt.

Nous ferons donc la plus large place au plus grand nombre de thèmes, ceux en tout cas qui ont été marquants durant l’époque considérée. Car il ne faut pas perdre de vue que les thèmes abordés par l' »avant-garde » ont été encore plus nombreux que ceux que nous étudions ici. Afin de ne pas donner à cet essai des dimensions tentaculaires, nous avons dû nous contenter d’un nombre limité de thèmes et de motifs. Encore avons-nous la consolation d’avoir choisi ceux, fondamentaux, qui ont guidé la réflexion des auteurs concernés. Nous aurons en outre fréquemment recours à des citations, délibérément courtes, afin de ne pas nous perdre dans les méandres d’une pensée souvent touffue. Base de départ de notre réflexion, les citations seront analysées le plus finement possible afin d’en extraire la substantifique moelle. Les références seront d’autre part réduites à leur plus simple expression et, pour plus de détails, il conviendra au lecteur de se reporter à la bibliographie.

Grâce à la confrontation des textes entre eux et en prenant appui sur les sources, nous espérons avoir apporté enfin quelque chose de nouveau dans la connaissance du cinéma expérimental en général et celle de l' »avant-garde » en particulier. Cette dernière a en effet trop souffert de l’incompréhension des historiens du cinéma et des critiques en général. Elle mérite d’être reprise à la base, c’est-à-dire à partir des divers écrits qu’elle a produits tout au long des années vingt. Les idées, les conceptions et les théories y sont nettement et clairement exposées.

Revue de presse :

Sur un socle historico-documentaire d’une ampleur impressionnante, Noureddine Ghali a reparcouru avec une grande intelligence les divers problèmes théoriques que se posaient les  » avant-gardistes  » eux-mêmes : qu’est-ce qu’une avant-garde ? Et d’abord, en quel sens le cinéma est-il un art ? En quoi se distingue-t-il des autres ? Qu’en est-il de la narration, ou de son absence, dans d’autres films ?
Christian Metz

Les chercheurs, les cinéphiles, les passionnés de cinéma expérimental, les esthéticiens, les historiens de l’art, les amoureux des années vingt et, tout simplement, les curieux et les gens de culture ont désormais à leur disposition un livre qu’on peut considérer, sans crainte d’erreur, toutes nationalités confondues et pour très longtemps, comme un des deux ou trois ouvrages de référence sur cette décennie effectivement prodigieuse.
Dominique Noguez

Le parti adopté par N. Ghali est en gros le suivant : on s’est borné jusqu’ici à  » survoler  » les théories de cette avant-garde, allons-y voir de plus près. D’où une fréquentation assidue des bibliothèques parisiennes, et notamment des riches collections du fond Rondel à l’Arsenal. Assidue jusqu’au malaise et la maladie, selon le témoignage de Dominique Noguez. Ce dépouillement obstiné d’une gigantesque documentation éparse n’était pas une fin en soi; il visait à répondre avec clarté à quelques grandes questions : qu’est-ce qu’une avant-garde ? en quoi le cinéma est-il un art ? pourquoi ces longues polémiques des années vingt autour de la notion de  » cinéma pur « , ou des intertitres, ou du principe de narration?
Alain et Odette Virmaux, Jeune cinéma, novembre, décembre 95.

Both published by Paris Experimental, in the collection les classiques de l’avant-garde, under the direction of Christian Lebrat, these books are important additions to the literature on avant-garde cinema. The Dulac writings collect together her meditations on film, beginning with her account of a visite to griffith’s studio, an interview with her in 1923, a 1924 lecture on expressive effects in cinema, an essay on avant-garde cinema and many other seminal pieces on film as an art. The second book originated in 1984 as a thesis by the late Nouredine Ghali, under the supervision of Dominque Noguez, who provides the preface to this volume. This exhaustive study begins with the origins of the french avant-garde, the diversity of practise, the significance of the ciné-club movement, and the film journals of the period. It continues with, inter alia, the relationship of film to the other arts and to photography, and discusses music for film, the french theories of montage, scientific film and the avant-garde, nature and landscape, the aesthetics of black and white and colour, and finihes with studies of the filmmakers of the period and their ideas. It is the most thorough critique of the twenties avant-garde yet published.
Cantrills Filmnotes, novembre 1995

L’avant-garde cinématographique en France dans les années vingt de Noureddine Ghali est sans doute l’un des plus précieux textes que l’on puisse souhaiter pour développer une esthétique du cinéma, puisqu’il s’agit d’y rendre compte le plus exhaustivement possible de la pensée des cinéastes et des critiques qui dans le mémorable contexte artistique des années vingt, contribuèrent à la fois à la floraison d’un cinéma d’avant-garde et à la définition plus générale du cinéma comme art.
Dominique Chateau, Recherches Poïétiques, hiver 1995.