FABRIQUES DU CINÉMA EXPÉRIMENTAL
par Éric Thouvenel & Carole Contant
Entretiens avec Martin Arnold, Frédérique Devaux, Olivier Fouchard, Ken Jacobs, Christian Lebrat, Rose Lowder, Nicolas Rey, Silvi Simon, José Antonio Sistiaga
Comment vivent et travaillent, à l’ « ère du numérique », les cinéastes expérimentaux ? Qu’en est-il de leur attachement à la matérialité de l’objet-film ? Quels sont leurs outils, leurs rapports à la création, leurs manières de penser, de fabriquer et d’habiter les images et les sons ? Comment financent-ils leurs projets ? Quel regard portent-ils sur leur parcours et sur les mutations décisives que connait aujourd’hui le cinéma, y compris « expérimental », envisagé dans sa dimension esthétique, pratique, technique, économique et institutionnelle ?
Cet ouvrage s’attache à soulever ces questions à travers neuf entretiens menés avec des cinéastes de générations et d’horizons différents, mais qui ont en commun de porter un regard lucide et singulier sur leur propre travail, comme sur la façon dont le tournant numérique l’affecte – et pas nécessairement, comme le voudraient tant d’idées reçues, de manière négative – depuis près de quinze ans. De la survivance glorieuse de pratiques du film artisanales et sophistiquées, aux hybridations et métissages permis par les outils numériques comme par la délocalisation des images hors de la salle de cinéma, en passant par la nécessaire réflexion sur la maîtrise économique et politique des outils de production des films, se dessinent ainsi les formes vivantes d’un engagement qui n’a rien d’anachronique, mais demeure et insiste comme une lueur particulière, et nécessaire, dans le grand flou des images contemporaines. Pour cela, on a fait le choix de rester au plus près de la pratique de ces cinéastes pour qui faire un film est un acte du corps autant que de l’esprit, de la main autant que de l’œil, et qui considèrent que les manières de faire sont, aussi, des manières de penser.
Afin d’accompagner et de prolonger la parole des cinéastes, chaque entretien est suivi d’une filmographie complète et d’une iconographie contenant des reproductions de photogrammes, des photographies de leur matériel, des schémas préparatoires et des partitions visuelles, qui éclairent sous un autre angle la genèse de leurs travaux. L’ensemble est complété par un glossaire et une bibliographie.
Revue de presse :
« Du côté des fabriques minoritaires d’images-mouvement »
24 novembre 2014 | Par Guillaume Basquin – Mediapart.fr
Les discours de ce livre sont la théorie qui découle de l’échange de paroles entre les auteurs et les cinéastes questionnés
Lire l’article : Du côté des fabriques minoritaires d’images-mouvement
Neuf entretiens, fouillés, vivants, avec dix cinéastes, introduits pas un texte inspiré et élégant.
Florent Guézengar, Cahiers du cinéma, janvier 2015
« Paroles de cinéastes »
…dans les interstices de ces questions techniques, de véritables manifestes esthétiques se dessinent. Des oeuvres acquièrent une dimension autoréflexive raffinée lorsque leur créateur nous renseigne sur sa manière de travailler, de trouver des solutions pour obtenir exactement les images qu’il souhaite.
Un livre qui manquait dans la prolixe édition française récente sur le cinéma expérimental.
Raphaël Bassan, Bref, n° 114, février 2015
Lire l’article : http://www.brefmagazine.com/pages/edition_livres.php?id_texte=697
… Donner la parole à ces artistes, en les sollicitant sur des sujets réellement en lien avec leurs pratiques respectives, offre un état des lieux nécessaire et enthousiasmant du champ le plus inventif du cinéma..
Sébastien Ronceray, Art Press, n° 420, mars 2015
» Pensée de la faille = Thoughts about the interstice »
[…] Les neufs entretiens, menés par Eric Thouvenel et Carole Contant dans Fabriques du cinéma
expérimental, offrent un ensemble homogène à qui se questionne sur les usages diversifiés
de ce cinéma. Le travail d’analyse se fait succinctement avec les cinéastes eux-mêmes sous
la forme de discussions ouvertes. La préface, enrichissante par son aspect énonciateur d’une
démarche stimulante, annonce que cet établissement de la parole mise en avant se place autant
du côté de l’esthétique que de la pratique filmique. « Notre hypothèse a donc été de partir des
questions simples, et de rester au plus près du travail des cinéastes, pour leur permettre de
développer avec leurs mots ce qui, en réalité, fait aussi toute la complexité de leur travail. […]
Montrer que le moment de création est riche de questionnements, d’une longue maturation,
ci relégué au simple rôle de ‘boîte enregistreuse’, mais fait partie intégrante de ce qui rend
eur travail absolument singulier ». Les questions posées, s’adaptant aux singularités des
oeuvres respectives des praticiens rencontrés, s’orientent du côté des influences, des parcours
singuliers, de la technique, des modèles économiques innovants (totalement indépendants,
souvent collaboratifs et toujours en marge des circuits commerciaux de production), des
aspirations, désirs et équilibres poétiques. Il s’agit bien d’un éloge du cinéma expérimental et
de ses nombreuses pratiques, mais énoncé à travers la multiplicité des approches formulées par
ces cinéastes. Se définissent sous nos yeux les puissances à la fois fondamentales, esthétiques
et réflexives du cinéma expérimental. Ce livre collectif illustre ce que déploie le cinéma quand
il est considéré dans ses formes les plus novatrices, par le biais d’une prise en main générale de
la composition des films (tournage, montage, projection, rapport aux supports, détournement
de l’utilisation classique des outils, manipulations chimiques ou numériques…).[…]
Sébastien Ronceray, « Pensée de la faille », Critique d’art, 44 | Printemps/Eté 2015
Texte complet en ligne : URL : http://critiquedart.revues.org/17112
Le grand intérêt du livre de Thouvenel et Contant est de donner à ces considérations sur la création une consistance précise, en interrogeant neuf cinéastes expérimentaux sur leurs pratiques, leurs conditions de travail, leur façon de considérer une œuvre en construction. Parfois vraiment anecdotiques (comme on aime, parfois à raconter les moindres détails de sa vie), souvent très éclairants, ces entretiens donnent de la chair, une dimension physique et économique, à ce cinéma qui associe étroitement les théorisations les plus abstraites aux gestes les plus incarnés. On entre dans des locaux étonnants, on découvre des « machines à filmer », tout un monde bien éloigné du cinéma des paillettes (ou simplement des salles habituelles) s’ouvre au lecteur. Une ample bibliographie, un glossaire des termes techniques, un autre des structures et institutions, de nombreuses illustrations font de ce livre un bel outil pour s’approcher de ce monde souvent opaque du cinéma expérimental.
Vincent Amiel, Positif 655, septembre 2015.
Spécifications de l'ouvrage :
Collection : Classiques de l’Avant-Garde
N° dans la collection : 19
Date de parution : 2014
Nbr. de pages : 339
Nbr. d’illustrations : 115
Format : 24 x 16 cm
ISBN : 978-2-912539-48-9
Prix : 35 €