CINÉ-JOURNAL : UN NOUVEAU CINÉMA AMÉRICAIN (1959-1971)

par Jonas Mekas
Traduit de l’anglais et préfacé par Dominique Noguez

Voici un livre d’humeur et d’humour. Les textes qui le composent avaient déjà l’intérêt, quand ils parurent, d’être un exercice de critique à chaud sur un cinéma en train de naître. Aujourd’hui, avec le recul, ils sont devenus en plus un document exceptionnel sur une des plus belles périodes de l’histoire du cinéma expérimental et, plus largement, de l’art contemporain. On y voit, au début, le rayonnement de Resnais, Godard, Truffaut ou Antonioni aux Etats-Unis, puis y apparaissent une ribambelle d’artistes de cinéma locaux aussi cocasses ou géniaux qu’inconnus, Maya Deren, Kenneth Anger, Stan Brakhage, l’un des derniers étant un certain Andy Warhol.
Celui à qui l’on doit cette chronique de première main en fut aussi l’un des premiers héros. Cinéaste lui-même, poète, critique passionné, il est une leçon vivante pour les cinéastes, les artistes d’aujourd’hui.

Revue de presse :

Ainsi Jonas Mekas nous fait-il revivre à chaud la passion des découvertes, des combats, des soutiens de tous les instants, sur tous les fronts de ce courant tumultueux.(…) L’écrivain Jonas Mekas nous entraine aussi par la beaté de quelques lignes comme celles sur Une femme douce de Robert Bresson (1968), la force du récit de tournage de The Brig (la Cale, 1964), l’inénarrable description d’une nuit de « spectacle » dans le loft de Jack Smith en 1970, ou la joyeuse férocité contre le projectionniste du musée d’art moderne et contre tous les projectionnistes syndiqués!

Danielle Hibon, Cinémathèque 4, Automne 1993.

Une tranche d’histoire de l’art.

Anne-Marie Morice, La Croix, 19 janvier 1993

On sait à quel point l’intervention de Mekas, ses luttes contre toutes formes de censure, furent décisives dans l’organisation, le soutien critique et l’accouchement de ce mouvement, du lancement de la revue Film Culture en 1954, aux prises de parti du Movie Journal, sa chronique dans Village Voice de 1958 à 1976, de la formation du New American Cinema group en 1959 à la création de la New York Film Cooperative en 1961 ou de l’Anthology Film Archives en 1970.

Patrice Rollet, les Cahiers du cinéma, janvier 1993

Un tiers environ des chroniques pour le Village Voice -la plupart étant consacrées au  » Nouveau cinéma américain « – furent réunies par Mekas en 1972 dans son Movie Journal. Celui-ci vient donc enfin d’être traduit par Dominique Noguez, l’un des meilleurs connaisseurs du cinéma expérimental.(…)
Il écrit sans filet : la difficulté d’écrire sur les films constitue parfois l’essentiel des propos tenus. Et, pourtant, ces textes provoquent aussi le lecteur par l’assurance absolue de l’auteur quant à la qualité des oeuvres défendues. C’est que le jugement n’est pas celui qui, grâce à la « distance critique », distingue, sépare, évalue, mais celui d’un passionné convaincu de la grandeur des oeuvres qu’il aime et révolté par l’incompréhension et l’indifférence dont fait preuve la critique officielle.

Patrick de Haas, Cahiers du musée national d’art moderne, printemps 93.

Il y chante un cinéma créateur, indépendant de toutes les puissances -Hollywood n’est pas loin-, un art en train de naître dont il est à la fois le démiurge et le spectateur émerveillé.
Mais ce qui touche le plus en ces pages, c’est l’amour qu’a Mekas du cinéma sous toutes ses formes et ce mouvement généreux qui le pousse vers les autres artistes, ses amis qu’on retrouve dans son journal filmé et même ceux qui semblent le plus éloigné de lui, comme Howard Hawks.

Prosper Hillairet, Revue d’esthétique, 93

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